LES BRANLEURS DE LA HAVANE
2010
| 50min
Un film de Cécile Patingre
Au cœur des salles obscures cubaines sévit une armée dexhibitionnistes, si bien quaucune cubaine ne se risque seuleau cinéma... Alors comment faire face ? Pourquoi un tel phénomène ? Ouvreuses, caissières ou spectatrices, chacune sorganise et tente de répondre. Quelle est la réalité des rapports hommes/femmes ?
"À La Havane, comme partout dans le monde, il arrive que des exhibitionnistes sévissent dans les salles de cinéma. Profitant de l’obscurité, ils s’assoient près de leurs victimes et se masturbent. Si les Cubaines déplorent ce phénomène, aucune réelle sanction n’est prise. Caissières, ouvreuses et spectatrices témoignent de la banalité de ces agressions qu’elles vivent entre hargne et résignation. Mais hors de question de se priver de cinéma !
"Beaucoup d’hommes viennent spécialement pour ça. Ce n’est pas le film qui les intéresse" dénonce une ouvreuse. "Certains viennent habillés en pantalon et chemise, puis ils se changent pour mettre un short" explique une autre. Ils sont repérés, les ouvreuses les voient régulièrement revenir, au point qu'elles leur ont donné des surnoms. Tant bien que mal, elles s’évertuent à les empêcher de rentrer. Malgré le fait que l’exhibitionnisme soit un délit pénal, "ils s’en sortent avec une amende, c’est tout ! À quoi ça sert ?" s’indigne un projectionniste. Les spectatrices adoptent donc des stratégies pour se sentir en sécurité : venir à plusieurs, s’équiper de lampes torches. L'une d'elles souligne la violence de cet acte : "Ils savent que ça nous heurte et que ça nous fait honte. C’est ça la violence, de jouir de ce trouble que ça procure chez les femmes." En rejoignant des questions plus vastes sur la sexualité, le social ou la politique, les témoignages ne se tarissent pas.""
(Romain Hecquet)